La panne de l’intelligence stratégique (8 h 10 mn)

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Introduction

 

 

« Ces colonnes de chair fiévreuse (37,5 dixièmes) ne sont destinées à soutenir rien d’autre que la fameuse libellule à l’abdomen mou et lourd comme le bloc de plomb massif où elle a été sculptée de façon subtile et éthérée, bloc de plomb de nature (par son ridicule excès de pesanteur qui introduit pourtant l’idée nécessaire de gravité) à accentuer, aggraver et compliquer avec perversité le sentiment sublime d’infinie et glaciale stérilité, à rendre plus compréhensible et plus lamentable le dynamisme irrationnel de la colonne, laquelle, par suite de toutes ces circonstances de fine ambivalence, ne peut manquer de nous apparaître comme la véritable  » colonne masochiste  » destinée uniquement à  » se laisser dévorer par le désir « , comme la véritable première colonne molle construite et découpée dans cette réelle viande désirée vers laquelle Napoléon, comme nous savons, se dirige toujours à la tête de tous les réels et véritables impérialismes, qui, comme nous avons coutume de le répéter, ne sont autre chose que les immenses  » cannibalismes de l’histoire  » souvent figurés par cette côtelette concrète, grillée et savoureuse que le merveilleux matérialisme dialectique a placée, comme l’aurait fait Guillaume Tell, sur la tête même de la politique. »

Salvador Dali, Les Cocus du vieil art moderne

La vie politique et militaire des nations relève de trois caractéristiques bien connues qui en pimentent l’intérêt :

  • Les décideurs prennent à certains moments des décisions qui ont des conséquences massives. Selon que l’on déclenche ou pas la guerre, que l’on engage cette politique économique ou pas, les conséquences sont fortement divergentes au bout de quelques années.
  • Les choses ne se passent pas comme prévu. Ni dans l’espace ni dans le temps. Une guerre qui doit être gagnée en trois mois est perdue en quatre ans (l’Allemagne en 1914), une politique budgétaire qui doit permettre à un pays de se redresser l’enfonce dans la crise (Europe, 2010), etc. Les événements ne s’enchaînent pas comme prévu et abandonnent souvent sur le bord de la route des victimes collatérales.
  • Les victimes ne sont pas en général ceux qui ont pris les décisions. Les décideurs paient leurs erreurs avec la souffrance ou le sang des autres. Menue monnaie dont ils sont à l’occasion dispendieux. De ce point de vue, l’histoire est injuste. Elle désigne ses victimes en aveugle. […]
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