En finir avec la guerre économique

 

En finir avec la guerre économique

 

 

Bonjour les stratèges et les autres. Alors sous la haute vigilance de maître Yoda, je voudrais revenir aujourd’hui sur une notion dont on entend parler à longueur de temps qui est la guerre économique. On est en guerre économique, il faut s’adapter à la guerre économique, c’est affreux les Chinois vont nous bouffer, etc.

Je ne suis pas d’accord avec cette idée de guerre économique, je crois que dans mes trente et quelques livres je n’ai jamais écrit qu’il y avait une guerre économique. Pourquoi ? Parce qu’il y a quand même un théorème qui date des années 1820 et qui s’appelle « le théorème des avantages comparatifs » qui dit que les pays tirent tous avantage du fait de commercer entre eux. Et d’ailleurs plus ils sont différents plus ils tirent d’avantages. Alors vous me direz, c’est un théorème qui a presque deux siècles, qu’est-ce qu’il vaut ? Eh bien il vaut que effectivement on s’aperçoit que plus un pays est inséré dans le commerce international, plus son niveau de vie s’élève. Quand on a créé l’OMC en 1995, je crois que qu’il y avait quatre-vingt-douze pays, je crois qu’il y en a aujourd’hui plus de cent cinquante. S’il y a soixante pays qui ont rejoint l’OMC pour participer au commerce mondial, ce n’est pas parce qu’ils avaient envie d’entrer dans une guerre infernale. C’est parce qu’ils en tiraient avantage. Et si vous regardez la situation des quarante pays qui ne sont pas à l’OMC, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce sont que des pays qui sont dans la misère.

Donc il n’y a pas de guerre économique entre les pays, il y a un intérêt à commercer. Ce qui existe, c’est une concurrence économique entre les entreprises d’un même secteur. Ce qui n’est pas du tout le même problème. Vous remarquez d’ailleurs que quand deux entreprises sont concurrentes, elles ne sont pas en guerre. Elles ont quand même des intérêts communs de maintenir leur marché, de le développer, voire parfois de faire des alliances, d’échanger des process, etc. Je veux dire, que je sache Renault et Peugeot ne s’envoient pas des missiles. Ils sont en concurrence certes pour vendre des véhicules mais ils ont aussi un certain nombre d’intérêts partagés. Et ils le savent bien.

Donc la concurrence n’est pas la guerre. Et ce ne sont pas les pays qui sont en concurrence, ce sont les entreprises. D’où l’absurdité de cette idée de guerre économique qui n’est qu’une métaphore guerrière mais une métaphore n’a pas valeur de raison. On pense souvent la stratégie à travers les métaphores guerrière parce que c’est dans la guerre qu’on a développé les premières idées de stratégie ; mais toutes les analogies ne sont pas valables.

Voilà les stratèges et les autres ce que je voulais vous dire sur ce faux concept de guerre économique qu’on entend hélas beaucoup trop évoquer. Il me reste bien sûr à vous appeler pacifiquement à vous abonner à cette chaîne Youtube sous, toujours, la vigilance de mon ami maître Yoda.

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