Tous des cons sauf moi

 

Tous des cons sauf moi

 

 

Bonjour les stratèges et les autres. Alors je voudrais vous parler aujourd’hui du syndrome du TDCSM que je rencontre souvent en stratégie. TDCSM, ça veut dire « Tous des cons, sauf moi ». Voilà de quoi il s’agit. Je rencontre parfois des dirigeants – mon impression c’est que ça représente à peu près 15 % des dirigeants, mais ce n’est qu’une opinion qui a sa part de subjectivité – sont dans leur fonction pour vous démontrer qu’ils ont toujours raison et qu’ils sont noyés dans un océan de cons et de connerie et que c’est ça qui leur pose problème. Tout leur enjeu dans les situations, c’est de démontrer qu’ils ont raison. Petite règle simple vraie en stratégie mais peut-être vraie aussi dans la vie : chaque fois que dans une situation, ce qui prime c’est un enjeu d’ego, on est sûr qu’on n’est pas dans le bon enjeu. Et c’est particulièrement vrai en stratégie.

Au fond, en stratégie, le sujet n’est pas de savoir qui a raison. C’est d’éviter les mauvais choix, si possible de discerner les meilleures décisions, les meilleurs choix, ce qui n’est pas du tout facile. Et comme ce n’est pas facile, les seuls repères que l’on a, c’est effectivement une approche réaliste. C’est-à-dire d’avoir cette modestie devant les faits. Comme la stratégie engage toujours l’avenir, eh bien à un moment donné, quand on a un débat ou qu’on prend une décision, on n’est jamais sûr d’avoir raison. Donc il ne faut pas vouloir démontrer à toute force à l’autre qu’on a raison. Y compris par un argument d’autorité du genre : « C’est moi qui ai les galons, c’est moi le chef donc vous faites ce que je dis et j’ai forcément raison. » L’important c’est effectivement d’expliciter les arguments, sans émotion, sans se dire : « J’ai forcément raison », sans se dire si c’est l’autre qui a raison, c’est pas un problème ; l’important c’est qu’on aille dans la bonne direction.

Alors quand vous débattez de stratégie, vous allez effectivement repérer deux mentalités différentes. Ceux qui cherchent – avec une certaine modestie – en tous cas qui cherchent à discerner le vrai, sachant que le vrai est souvent voilé donc il y faut de la modestie, et qui vont essayer d’étayer leurs opinions à partir de faits observables ; et puis ceux qui sont dans un enjeu : « Je veux avoir raison, je veux me montrer au-dessus des autres et je veux leur montrer ma supériorité, autrement dit les prendre pour plus cons que moi. » Et donc ça c’est le fameux, le célèbre syndrome du TDCSM : tous des cons sauf moi.

Alors je dois vous dire que ça fait plus de vingt ans que je fais ce métier de consultant en stratégie et je dois avoir une sensibilité mais quand il m’arrive par malheur de tomber sur un dirigeant qui est dans le syndrome du TDCSM, en général il me faut dix minutes pour le repérer avec son assurance factice, ses affirmations non étayées mais énoncées avec beaucoup d’autorité. Enfin on a un peu un comportement je dirai de grand singe dominant qui se repère assez bien.

Un conseil, un bon conseil – enfin un premier bon conseil, c’est de se méfier des bons conseils – mais je vais vous en donner quand même un deuxième : méfiez-vous du syndrome TDCSM. De vous laisser pénétrer par moment de ce syndrome, ça c’est vraiment dommage, puis à le repérer quand ça vous arrive.

Voilà ce que je voulais dire sur le syndrome tous des cons sauf moi. Et si ceci vous a intéressé, intéresse, eh bien je vous suggère, je vous demande, je vous supplie de vous abonner à cette chaîne Youtube. À bientôt.

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