De Gaulle et la collaboration

 

De Gaulle et la collaboration

Bonjour les stratèges et les autres. Le général de Gaulle dans ses Mémoires s’exprime occasionnellement sur la collaboration. C’est d’ailleurs assez brièvement. Et ce qu’il dit est assez inattendu. Assez intéressant. Voilà, vous vous doutez bien que le général de Gaulle avait quand même beaucoup de raisons d’avoir de la colère, des émotions négatives vis-à-vis de la collaboration et du maréchal Pétain. Pourquoi ? Parce que pendant quatre ans la collaboration n’a cessé… Vichy n’a cessé de l’insulter, de l’injurier, de le traiter de traître, de lâche et d’ailleurs l’a condamné à mort, ce qui effectivement n’est pas tout à fait la marque d’une profonde aménité et gentillesse. Et que dit De Gaulle à propos des collaborateurs ? Quelque chose de tout simple. Il dit : « Ces hommes se sont trompés, mais dans leur engagement et leur erreur même, il y a un hommage à l’amour de la patrie. » Ils ont témoigné de l’amour de la patrie par cet hommage.

Que veut dire De Gaulle ? Que montre-t-il en l’occurrence ? Il montre une certaine magnanimité, effectivement, qu’il est au-dessus de la colère, au-dessus de l’injure et qu’il sait dominer ça. Très bien. Ce qui est effectivement une bonne qualité pour un stratège. Il montre surtout qu’il sait hiérarchiser les enjeux. Effectivement, écrire ses Mémoires, c’est un enjeu, ce qu’il va dire de la collaboration, c’est un enjeu, et au fond l’enjeu… il y a un double enjeu… Il y a l’enjeu de la France et l’enjeu du général de Gaulle. Et dans les deux cas, s’acharner sur la collaboration, effectivement on pourrait penser que ça lui donne raison a posteriori, mais il n’avait plus besoin a posteriori qu’on lui donne raison. L’histoire en quelque sorte lui avait donné raison. Et puis l’enjeu pour la France c’est aussi de ne pas considérer les hommes de la collaboration comme étant non français ; même s’il a dit pendant longtemps que Vichy était illégitime et nul et non avenu. Néanmoins, c’était des Français qui se sont trompés, c’était des Français perdus mais c’était des Français qui aimaient la France et des Français engagés. Donc derrière cette opposition terrible entre l’État français de De Gaulle et la collaboration, entre Pétain et De Gaulle, derrière cette opposition, il y a quelque chose de plus important, de plus essentiel, de plus millénaire comme il le rappelle au début de ses Mémoires qui est la France. J’ai toujours eu au fond de mon cœur et dans mon âme, dit-il, une certaine idée de la France. Et une certaine idée de la France, c’est que la France est faite de Français, de Français de tous bords, mais l’enjeu principal, c’est qu’il y ait une seule France. Voilà ce qu’il voit à travers ses Mémoires et ce qu’il veut montrer. Non pas qu’il a eu raison – ça on le sait – mais qu’il y a aussi une France éternelle avec des débats.

Bon après, je dirais on est sensible au patriotisme ou on ne l’est pas mais c’est un autre sujet. Mais en tous cas, ce à quoi on peut être sensible et admiratif, c’est cette capacité en toutes circonstances de savoir hiérarchiser les enjeux et de mettre les premiers enjeux en tête.

Voilà ce que je pouvais dire sur ce petit passage, petit épisode des Mémoires de Guerre et si ceci vous intéresse, bien sûr, je vous invite à vous abonner à cette chaîne Youtube. À bientôt.

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