Management : la stratégie adoptée par Christian Blanc pour redresser Air France


Management : la stratégie adoptée par Christian… par Challenges

 

Management : La stratégie adoptée par Christian Blanc pour redresser Air France

 

 

Christian Blanc, quand il est arrivé chez Air France, la situation était assez désespérée, mais assez désespérée de façon bien normalisée. C’est-à-dire qu’on avait bien défini ce qu’il faut faire. Et donc vous savez, c’est ce qu’on appelle le plan social à répétition puisque les plans sociaux, c’est une drogue dure. Quand on y a goûté, on y revient en général. Ce qui permet à terme que l’entreprise puisse finir par mourir en bonne santé. C’est-à-dire qu’on a détruit progressivement la valeur, mais bien dans les règles du jeu.

Et ce qui était frappant chez Christian Blanc, c’est qu’à mille et une petites choses, il jouait hors normes. Il a redressé l’entreprise – donc ce n’était pas du tout un fantaisiste – mais c’est un personnage fondamentalement qui se sent autorisé à désobéir. Donc quand on rencontre ce personnage on se rend compte qu’il est en permanence autorisé à se comporter selon ce qu’il croit lui être juste, ou sa propre norme. Ce n’est pas du tout un patron typique. Par exemple il est capable dans une réunion de fumer le cigare et de mettre les pieds sur la table. Ce n’est pas bien, c’est mal élevé, etc. Mais s’il pense que c’est cela qu’il doit faire, en tout cas dans son scénario la fenêtre est ouverte.

Un des axes de désobéissance très forte qu’il racontait, c’était de ne pas fuir le contact avec les syndicats. Je l’ai entendu raconter ça, c’est assez extraordinaire, son prédécesseur avait son bureau au sixième et dernier étage et il y avait un hélicoptère sur le toit. Et quand les syndicats envahissaient le bâtiment – ce qui semblait être une tradition – la standardiste appelait du rez-de-chaussée en disant : « Ils arrivent » et le gars montait sur le toit, prenait l’hélicoptère et s’enfuyait. Vous voyez la symbolique : les mecs envahissaient le bureau et lui, il partait en hélicoptère. Du point de vue du sens du dialogue social et de la reconnaissance de l’autre, c’est absolument prodigieux. Bon.

Et il raconte que la première fois ; donc il arrive, il est pdg et les syndicats arrivent. La standardiste affolée téléphone : « Ils montent ». Il leur répond : « Qu’ils ne se donnent pas cette peine, je descends ». Il descend, il entre dans le hall et il leur dit : « Eh bien vous vouliez me voir, discutez. Eh bien allons-y, parlons. » Ça a permis de générer de la négociation, de la reconnaissance de l’autre. On a ensuite pu passer des accords avec ces gens-là.

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