L’erreur de Nikita Khrouchtchev

 

 

L’erreur de Nikita Khrouchtchev

 

 

Bonjour les stratèges et les autres. Alors je ne sais pas si on se souvient bien de Nikita Khrouchtchev qui a dirigé l’URSS de 1955 à 1964, mais il est resté célèbre pour sa participation à la crise de Cuba. Alors qu’est-ce qui s’est passé avec Nikita Khrouchtchev ? Eh bien il a posé des rampes de lancement de bombe atomique à Cuba et suite à quoi Kennedy a organisé le blocus de Cuba. En fait, Khrouchtchev pensait que les Américains n’oseraient pas s’opposer et auraient peur de la guerre nucléaire à partir du moment où il y avait des bombes atomiques à Cuba.

Eh bien, Kennedy n’a pas calé mais effectivement, Kennedy a fait une manœuvre qui a finalement déstabilisé Khrouchtchev. Kennedy, il aurait pu, comme on le lui conseillait, bombarder Cuba. Ce qui aurait probablement déclenché une guerre atomique. Et donc Khrouchtchev se disait : Kennedy n’osera pas faire ça. Donc je vais gagner. En fait, Kennedy a manœuvré de la façon suivante : il a compris que lui, il ne voulait pas une guerre atomique, mais que Khrouchtchev non plus n’en voulait pas. Donc il a compris que dans cette situation, Khrouchtchev et Kennedy, les deux K comme on les appelait, étaient alliés. Ils avaient un objectif commun, c’était d’éviter la guerre atomique. Et cet objectif devenait important au fur et à mesure qu’on flirtait de plus en plus près avec cette guerre atomique. Autrement dit, il y a eu un moment où Khrouchtchev a compris qu’il avait autant peur que Kennedy de la guerre atomique et que donc maintenant le sort du monde était entre les mains de ces deux hommes et qu’il valait mieux qu’ils discutent et qu’ils s’entendent.

Autrement dit, Kennedy a amené Khrouchtchev à comprendre qu’ils étaient alliés l’un et l’autre contre leur entourage. Et donc Khrouchtchev a accepté de négocier et finalement a retiré ses armes et le blocus américain a marché. Et donc la pression de Khrouchtchev sur les Américains s’est retournée contre lui. Bien sûr il a obtenu le démantèlement des bases américaines en Turquie, donc il a quand même obtenu une contrepartie, mais symboliquement, il a quand même plutôt perdu contre Kennedy, même si Kennedy a fait très très attention de ne pas l’humilier. Mais dans cette affaire, la suite intéressante, c’est que deux ans plus tard – la crise de Cuba c’est 62, donc en 64 – Khrouchtchev est remercié par le Politburo. Et en fait qu’est-ce que lui reproche le Politburo ? Eh bien c’est d’avoir perdu, c’est-à-dire d’avoir laissé l’URSS humiliée par les États-Unis, et le message aux Américains c’était : « Un Secrétaire général qui vous cède est un Secrétaire général qui ne va pas garder son job. » Donc c’était aussi une façon de remettre la pression. Mais en ce débat dans le Politburo, il est apparu que l’adversaire de Khrouchtchev, ce n’était pas Kennedy, ce n’était pas les Américains, ce n’était pas les militaires américains, c’était ceux qui auraient dû être ses alliés, c’est-à-dire le Politburo. Et c’est là que Khrouchtchev a perdu. Au fond il a essayé de prendre un gage dans la Guerre froide et il a échoué, mais il a perdu un gage dans sa stratégie interne pour conserver le pouvoir. Il a mal évalué dès le départ où étaient ses alliés et où étaient ses adversaires. Il a cru que ses alliés étaient dans le Politburo et ses adversaires à la Maison Blanche. En fait, c’était l’inverse. Ne vous trompez pas sur vos adversaires.

Voilà ce que je voulais dire sur les deux K, Kennedy et Khrouchtchev, il vous reste à vous abonner à cette chaîne. À bientôt.

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