Quatre stratèges dans la Seconde Guerre mondiale (8 h 15 mn)

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Introduction

 

 

« Mozart et Bach, malgré leur talent, ont quand même pompé pas mal

de trucs aux sonneries de portables. »

Gracchus Cassar

La Seconde Guerre mondiale est un événement immense, de quelque point de vue qu’on la regarde. C’est la guerre qui fit le plus de victimes dans toute l’histoire humaine, elle a structuré le monde dans lequel nous vivons. Elle a fait émerger des héros historiques de toute sorte. Elle a donné lieu à un génocide d’une ampleur telle que la philosophie humaniste en est ébranlée. Elle déploie des situations et des anecdotes toutes plus extraordinaires les unes que les autres.

Le sujet est écrasant dès qu’on veut en parler et de fait il écrase l’historien.

Trois lectures en particulier captent le regard comme un grand écran au cinéma, empêchant presque de voir ailleurs ou autrement :

  • La Shoa et l’horreur qui saisit à la pensée des millions victimes innocentes (cf. par exemple le livre Si c’est un homme de Primo Levi ou le film Le Chagrin et la pitié),
  • La destinée humaine particulière emportée comme un fétu par le courant tumultueux d’une histoire insensée (cf. par exemple le livre Le Pont de la rivière Kwaï de Pierre Boule ou le film Il faut sauver le soldat Ryan),
  • La stratégie lors d’un des épisodes de la guerre (cf. par exemple L’étrange Défaite de Marc Bloch ou le film Le Jour le plus long).

Tous ces regards lèvent un coin du voile sur cet Himalaya de l’histoire et montrent que le sujet est inépuisable pour le cinéma et la littérature. À fréquenter ces œuvres, on finit par se faire une idée sinon exacte du moins un peu fine de ce qui s’est passé et joué. Une idée qu’il faut caresser avec modestie et pudeur tant la souffrance des hommes reste leur bien propre, un peu mystérieux et sûrement inaccessible.

Surtout à nous Européens du début du xxie siècle qui vivons dans une époque de paix inédite pour notre continent tout en nous donnant le ridicule de « gémir, pleurer prier » avec cette égale lâcheté que stigmatisait Vigny, parce qu’on repousse l’âge de la retraite de quelques trimestres ou autre tragédie ouatée. Nous ne savons pas toujours regarder nos soucis de lilliputiens avec pudeur, comment pourrions comprendre ceux qui mouraient avec dignité ? […]

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